1. Définition
Un séisme ou tremblement de terre se traduit en
surface par des vibrations du sol. Il provient de la fracturation des
roches en profondeur ; celle-ci est due à l'accumulation d'une grande
énergie qui se libère, créant des failles, au moment où le seuil de rupture
mécanique des roches est atteint.
Les dégâts observés en surface sont fonction de l'amplitude, la fréquence
et la durée des vibrations.
On distingue les séismes :
·
d'origine
tectonique, les plus dévastateurs (secousses, raz-de-marée...) ;
·
d'origine
volcanique ; .
·
d'origine
humaine (remplissage de retenues de barrages, exploitation des
sous-sols, explosions dans les carrières...).
2. Statistiques
2.1. DANS LE MONDE
Dans l'histoire de notre planète, ce sont 4,6 milliards d'années
d'agitation souterraine avec chaque année :
- plus de 3000 séismes qui agitent de façon appréciable la surface de la
Terre (Magnitude M > 5),
- 100 qui modifient le paysage (M > 6),
- plus de 20 qui causent d'importants dégâts (M > 7).
Le séisme est le risque naturel majeur qui cause le plus de dégâts : de
1970 à 1979 les séismes ont fait 430.000 victimes et 12 milliards de
dollars de pertes estimées.
Les séismes récents les plus destructeurs :
- Mexique (Mexico) en 1985 (M = 8) : plus de 10.000 victimes ;
- Arménie (Spitak) en 1988 : plus de 25.000 morts, 500.000 sinistrés et des
pertes directes chiffrées à 14 milliards de dollars ; la ville de Spitak
(30.000 habitants) a été détruite à 100% ;
- Turquie (Erzinçan) en 1992.
2.2. EN FRANCE
5000 séismes ont été enregistrés depuis 10 siècles ; la rareté des séismes
de magnitude supérieure à 7 (4 par siècle) ne doit pas faire oublier qu'ils
peuvent être très destructeurs s'ils sont localisés près des villes.
Aussi un zonage physique de la France a-t-il été élaboré, sur la base de 7600
séismes (*), pour l'application de
règles parasismiques de construction (décret du 14 mai 1991) avec 5 zones :

|
Les départements de Guadeloupe et de Martinique sont en zone III.
(*) La connaissance de ces séismes est relatée par l'histoire ou mesurée
par les instruments.
3. La connaissance du risque.
Nous savons que le risque est la
confrontation d'un aléa avec des enjeux.
3.1. L'ALEA
3.1.1. Le cycle sismique
La plupart des séismes sont
concentrés au voisinage des frontières des plaques lithosphériques ; le
plus souvent sous la mer, ils peuvent produire des raz-de-marée
dévastateurs. Ce sont dans les zones de subduction (où une plaque s'enfonce
sous une autre, pour plonger dans le manteau) que l'on voit les séismes de
plus grande magnitude.
Dans la partie supérieure de la croûte, la température étant trop basse, le
mouvement n'est pas continu ; les failles restent bloquées pendant de
longues périodes de temps, contrairement aux couches inférieures où le
mouvement régulier des plaques se poursuit de part et d'autre.
La région de la faille bloquée se déforme alors progressivement, se charge,
jusqu'à ce qu'elle cède brutalement, coulissant sur toute sa surface :
c'est la rupture sismique qui relâche les contraintes tectoniques et
rattrape le retard au mouvement des plaques.

|
Après
la secousse principale, il y a des répliques, parfois meurtrières,
qui correspondent à des petits réajustements des blocs au voisinage de la
faille.
|
3.1.2. Caractéristiques d'un
séisme
Le
foyer
(hypocentre)
Région de la faille d'où partent les ondes sismiques.
L'épicentre
Point de la surface terrestre, à la verticale du foyer, et où l'intensité
du séisme est la plus importante.
La
magnitude (M)
C'est la mesure de l'énergie libérée par le séisme. Elle est fonction de
la longueur de la faille et elle est donnée par la mesure de l'amplitude
maximale mesurée par les sismographes à 100 km de l'épicentre.
|

|
Sur l'échelle de RICHTER, il y a 9 degrés
: augmenter la magnitude d'un degré revient à multiplier l'énergie libérée
par 30.
NB : Les dégâts en surface ne sont pas mesurés par l'échelle de Richter
(qui indique l'énergie libérée par le séisme au foyer : magnitude) mais par
l'échelle MSK (qui renseigne sur les dégâts en un front géographique donné
: intensité). La magnitude d'un séisme est un nombre invariable qui le
caractérise ; l'intensité varie selon le point considéré ( éloignement du
foyer, nature du sol, effet de site...).
·
L'intensité
(I)
C'est la mesure des effets et dommages du séisme en un lieu donné. Pour un
séisme de magnitude donnée, elle est maximale à l'aplomb de la faille
(intensité épicentrale) et décroît avec la distance (sauf effets de site,
sur terrain sédimentaire par exemple). Elle est d'autant plus importante
que le foyer est plus superficiel.
Sur l'échelle MSK, il y a 12 degrés :
- degré 1 : séisme non perceptible ;
- degré 5 : seuil d'affolement des populations avec réveil des dormeurs,
faibles dommages ;
- degré 12 : changement total du paysage.
·
La
faille
On peut distinguer sur la Fig. 4 :
- les failles verticales qui coulissent horizontalement (a et b) ;
- les failles inclinées où un bloc s'affaisse ou monte par rapport à
l'autre (c et d).
Lors d'un séisme, la rupture peut se propager en surface : les failles
verticales vont alors décaler la surface du sol de part et d'autre de la
faille (jusqu'à plusieurs mètres) ; les failles inclinées vont créer des
escarpements pouvant former des murs de plusieurs mètres de haut (6 m à El
Asnam en 1980).
La répétition du phénomène sur une même faille, au cours des millénaires,
peut provoquer des décalages verticaux ou horizontaux de plusieurs
kilomètres.
C'est
sur la base de ces indices morphologiques que les géologues mesurent
l'activité tectonique des failles et peuvent préciser le cycle sismique.
|
·
La
fréquence et la durée des vibrations
Engendrées par l'énergie libérée, elles ont une incidence fondamentale sur
les effets en surface. Ce sont les vibrations dans la gamme de 0,1 à 2 s.
de période qui affectent le plus les bâtiments courants.
·
La
connaissance des phénomènes
Les sismographes enregistrent les composantes des mouvements du sol
(verticaux et horizontaux) ; ils permettent d'étudier le phénomène, de
localiser le foyer (comparaison avec d'autres sismographes) et de
surveiller les failles menaçantes.
3.2. LES ENJEUX
Ils sont de trois ordres : humains, économiques et environnementaux.
3.2.1. Atteintes aux personnes
Le séisme est le risque naturel majeur le plus
meurtrier (chutes d'objets, effondrements de bâtiments, mouvements de
terrain, raz-de-marée...) ; personnes blessées, sans abri, déplacées.
3.2.2. Atteintes aux biens
Destructions, détériorations et dommages aux
habitations, aux ouvrages (ponts, routes...), aux usines... rupture des
conduites d'eau, de gaz et d'électricité pouvant provoquer incendies,
explosions, électrocutions.
3.2.3. Atteintes à
l'environnement
Failles, dénivellations, désagrégation des sols,
avec parfois changement total de paysage (vallées barrées et transformées
en lacs, rivières déviées...).
4. Prévention -
protection
La prévention des risques et la
protection des populations nécessitent que soient prises des mesures
collectives et individuelles.
4.1. LA SOCIÉTÉ FACE AU RISQUE
4.1.1. La prédiction à long
terme (plusieurs dizaines d'années)
L'analyse de la sismicité historique (récurrence
des séismes), de la sismicité instrumentale et l'identification des failles
actives, permettent de définir l'aléa sismique d'une région ; le
segment de faille dont la dernière rupture est la plus ancienne doit être
considéré comme le plus menaçant : on parle de lacune sismique, site
potentiel pour un futur séisme.
4.1.2. La prédiction à moyen (1
mois, 1 année) et à court terme
Elle est axée sur la surveillance et l'observation
des phénomènes précurseurs : variation anormale de la microsismicité locale
ou régionale, déformation du sol, variation du niveau d'eau dans les puits,
courants électromagnétiques souterrains (méthode V.A.N), réactions de fuite
des animaux...
Malheureusement il n'existe pas actuellement de système fiable de prévision
à court terme et les phénomènes précurseurs ne sont pas toujours présents
(Mexico, Arménie...) ; des recherches mondiales sont entreprises pour mieux
comprendre et prévoir le séisme.
4.1.3. La réglementation
Le zonage sismique de la France (revoir Fig.
l) impose l'application de règles parasismiques pour les constructions
neuves ; il doit être repris dans les documents d'urbanisme (PER, schémas
directeurs, POS...). Les barrages, les établissements industriels et
l'industrie nucléaire sont soumis à des règles spécifiques de construction
parasismique, à effet rétroactif (elles s'appliquent aux ouvrages
existants).
4.1.4. La construction
parasismique
Elle permet de réduire considérablement les
dommages en cas de séisme. Plusieurs aspects interviennent dans la
réalisation d'un projet de construction parasismique : la nature du sol, la
qualité des matériaux, la conception générale associant une rigidité du
bâti (résistance) et une élasticité suffisante (déformabilité),
l'assemblage des différents éléments composant le bâtiment (chaînages) et
la qualité de l'exécution des travaux.
4.1.5. L'organisation des
secours
Au delà de 24 heures, les
chances de retrouver des survivants diminuent rapidement. C'est souligner la nécessité
d'une intervention rapide : localisation de la région touchée (Réseau
national de surveillance sismique), alerte et mobilisation des moyens (plan
ORSEC), chaîne des secours (de la détection à la médicalisation)...
4.2. L'INDIVIDU FACE AU RISQUE
Les consignes générales
sont applicables à l'exception du confinement. Les autres consignes
particulières sont les suivantes :
AVANT
|
PENDANT
|
APRES
|
"Repérer"
les points de coupure du gaz, eau, électricité.
Fixer
les appareils et les meubles lourds.
Préparer
un plan de regroupement familial.
|
Rester
où l'on est :
- à l'intérieur : se mettre près d'un mur, une colonne porteuse, ou sous
des meubles solides ; s'éloigner des fenêtres ;
- à l'extérieur : ne pas rester sous des fils électriques ou ce qui peut
s'effondrer (ponts, corniches, toitures... ) ;
- en voiture : s'arrêter et ne pas descendre avant la fin des secousses.
Se
protéger la tête avec les bras.
Ne
pas allumer de flamme.
|
Après
la première secousse, se méfier des répliques : il peut y avoir d'autres
secousses.
Ne
pas prendre les ascenseurs pour quitter un immeuble.
Vérifier
l'eau, l'électricité : en cas de fuite, ouvrir les fenêtres et les
portes, se sauver et prévenir les autorités.
S'éloigner
des zones côtières, même longtemps après la fin des secousses, en raison
d'éventuels raz-de-marée.
|
|